Un souverain prudent, par conséquent, ne peut ni ne doit observer sa foi quand une telle
observance tournerait contre lui et que sont éteintes les raisons qui le firent promettre. Et si les
hommes étaient tous bons, ce précepte ne serait pas bon ; mais comme ils sont méchants et ne
te l'observeraient pas à toi, toi non plus tu n'as pas à l'observer avec eux. Et jamais un prince
n'a manqué de motifs légitimes pour colorer son manque de foi. De cela l'on pourrait donner
une infinité d'exemples modernes, et montrer combien de paix, combien de promesses ont été
rendues caduques et vaines par l'infidélité des princes et celui qui a su mieux user du
renard** est arrivé à meilleure fin. [...] Et il faut comprendre ceci: c'est qu'un prince, et
surtout un prince nouveau, ne peut observer toutes ces choses pour lesquelles les hommes sont
tenus pour bons, étant souvent contraint, pour maintenir l'État, d'agir contre la foi, contre la
charité, contre l'humanité, contre la religion. Aussi faut-il qu'il ait un esprit disposé à tourner
selon que les vents de la fortune et les variations des choses le lui commandent, et comme j'ai
plus haut, ne pas s'écarter du bien s'il le peut, mais savoir entrer dans le mal, s'il le faut.
MACHIAVEL
* foi : parole donnée, promesse.
** renard : symbole de la « ruse » au sens de Machiavel.
Questions:
1.
Quel est le thème de ce texte ?
2. Quel est le problème que ce texte essaie de résoudre ?
3. Quels sont les enjeux de ce problème ?
4. Quelle est la solution originale que l'auteur défend? quelle est la solution traditionnelle que
l'auteur ne défend pas ?
5. Quelles sont les principales étapes du raisonnement, c'est-à-dire les grandes parties de ce
texte?

pouvez-vous m’aider s’il vous plaît


Sagot :