Bonjour, pouvez vous regarder ma plaidoirie et me dire votre avis.

Problématique : Peut-on rire de tout ? Peut-on rire de tout avec tout le monde ?

En voyant deux enfants se tordent de rire face au handicap d’un autre, que peut-on faire si ce n’est leur expliquer que leur attitude est incorrecte, que l’on ne peut pas rire de tout ? Mais quand un coup de crayon qui aura franchi la limite du tolérable, quand un trait d’humour jugé trop osé selon certains a pour conséquence une tuerie innommable comme par exemple l’attentat du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo. On ne peut que crier à la liberté d’expression.
Quelques jours plus tard, alors que les esprits fragilisés par la tragédie se remettent lentement en marche, des interrogations fusent. Et si les caricaturistes étaient allés trop loin ? Et s’ils étaient comme des enfants, des êtres immatures à remettre sur le droit chemin du savoir-vivre ? Jusqu’où l’humour peut-il s’aventurer ? Peut-on réellement rire de tout ?

L’unique question, selon moi, qui mérite d’être posée et que l’on oublie, la voici : comment peut-on ne pas rire de tout ? Au-delà d’une simple contraction de nos muscles faciaux, d’un court-circuit dans nos neurones, il s’agit d’une forme de communication universelle. Charlie Chaplin avait raison en affirmant que « le rire est le chemin le plus direct entre deux personnes ». Deux hommes qui ne partagent pas le même langage peuvent en riant, s’amuser des mêmes choses.
Exclure certaines personnes, certains groupes sociaux ou religieux du cercle de l’humour, des blagues et des caricatures reviendrait, par la même occasion, à les rejeter, à ne pas vouloir les intégrer à une société qui devient ainsi de moins en moins la leur. L'exemple du handicap, bien qu'il ait déjà été utilisé un peu plus haut dans mon discours, me semble parfaitement adéquat pour illustrer ces propos. Si un humoriste s'en prend à toutes les minorités ethniques, religieuses, politiques dans un sketch mais ne prononce pas un seul mot au sujet des personnes diminuées mentalement ou physiquement, ne serait-ce pas une plus grande injustice de nier ainsi leur existence que de heurter la sensibilité de quelques-uns par des plaisanteries qu'ils sont incapables de prendre au second degré ? Finalement, le comédien aurait-il pu leur faire pire ? En ne les associant pas, il en a peut-être fait des privilégiés... mais également des exclus. Le rire est par conséquent un domaine où nous sommes tous égaux et, à choisir entre un monde dans lequel on ne peut rire de rien et un autre où l'on peut rire de tout, on prendrait sans hésiter la seconde option.
De plus, le rire est très bénéfique pour nous mais également pour vous, chers membres du public. Écoutez-bien, d’après Passeport Santé, il permet de réduire la tension artérielle et la douleur, de renforcer le système immunitaire. Alors OUI, aujourd’hui, le rire est important dans la société !
Il est cependant évident que tout discours ne peut se justifier par l'humour et que la liberté
d'expression s'arrête là où débute l'incitation à la haine, la discrimination et la diffamation. Le rire est affaire de culture, les blagues s'occupent d'un amas de faits de société qui frappent par leur ridicule, leur illogisme, leur stupidité. Bien évidemment, l'humour diffère selon notre origine, nos traditions et l'environnement dans lequel nous avons été élevés. Une plaisanterie peut en amuser certains et déplaire à d'autres et nous nous devons de l'accepter. La vie en communauté a toujours été faite de ces petites concessions qui permettent de cohabiter.


Alors peut-on rire de tout ? Oui ! Mieux que ça : on doit rire de tout pour éviter de sombrer dans la langueur mais aussi pour éviter l'exclusion de certains, ceux dont on ne pourrait pas rire. Le rire permet de rassembler des personnes, des communautés du monde quelle que soit les différences.