Texte V,12 Les caractères de la bruyère:
J'entends Théodecte de l'antichambre; il grossit sa voix à mesure qu'il
s'approche. Le voilà entré : il rit, il crie, il éclate; on bouche ses oreilles, c'est
un tonnerre. Il n'est pas moins redoutable par les choses qu'il dit que par le ton
dont il parle. Il ne s'apaise et ne revient de ce grand fracas que pour
bredouiller des vanités et des sottises. Il a si peu d'égard au temps, aux
personnes, aux bienséances, que chacun a son fait sans qu'il ait eu l'intention
de le lui donner; il n'est pas encore assis qu'il a, à son insu, désobligé toute
l'assemblée. A-t-on servi, il se met le premier à table et dans la première place
; les femmes sont à sa droite et à sa gauche. Il mange, il boit, il conte, il
A plaisante, il interrompt tout à la fois. Il n'a nul discernement des personnes, ni
du maître, ni des conviés ; il abuse de la folle déférence que l'on a pour lui.
Est-ce lui, est-ce Euthydème qui donne le repas ? Il rappelle à soi toute
l'autorité de la table, et il y a un moindre inconvénient à la lui laisser entière
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qu'à la lui disputer. Le vin et les viandes n'ajoutent rien à son caractère. Si l'on
15 joue, il gagne au jeu ; il veut railler celui qui perd, et il l'offense ; les rieurs sont
pour lui; il n'y a sorte de fatuités qu'on ne lui passe. Je cède enfin et je
disparais, incapable de souffrir plus longtemps Théodecte, et ceux qui le
souffrent.
Question :
Par quelles procédés l’auteur rend t’il vivante la satire dans ce texte? (répondre par une explication linéaire)