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Avec sa tignasse pouilleuse, sa maigreur famélique, ses joues que les larmes,
dans le silence funéraire des nuits, ont creusées en
yeux exorbités, Mélédouman était méconnaissable : un véritable cadavre ambulant.
profonds et sinueux, sillons, ses
Rebelle, mauvais esprit, on lui interdit de recevoir les visites de sa famille.
Seule sa petite-fille Ya, âgée d'à peine sept ans, fut tolérée à ses côtés. Ce n'est
qu'au septième jour de sa détention qu'on lui permit de se laver. En effet, les
gardes eux-mêmes s'étouffaient à force de pincer leur nez pour éviter de respirer
leur puanteur dégagée par la cellule de vérité. Pour empester, elle, empestait. Avec
la suffocante chaleur y montait une odeur irrespirable. Chaine aux pieds, menottes
aux poignets, ne pouvant bouger. Mélédouman était obligé de tout faire dans cette
cage hygiénique : selles et urine dans un vieux seau criblé. De trous : une vraie
passoire. Celui-ci au reste tenait lieu de tabouret et de grabat. En effet, la cellule de
la vérité qui, en fait, était celle de la mort, était tellement minuscule et basse
prisonnier ne pouvait ni s'asseoir, ni rester debout, ni se coucher. Il était ainsi plié,
que le
comme si un invisible et lourd fardeau pesait tour à tour sur sa tête, ses épaules et
son dos zébrés par les fouets.

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