ÉTUDIER UN DISCOURS JUDICIAIRE
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accusé
Le 21 février 1898, Émile Zola comparaît devant la justice
pour avoir pris la défense du colonel Dreyfus et critiqué
l'armée française dans son article « J'accuse!» (paru dans
le journal L'Aurore). Il s'adresse aux jurés, des citoyens
tirés au sort pour décider de l'issue du procès.
Ne comprenez-vous pas, maintenant, que ce dont
la nation meurt, c'est de l'obscurité où l'on s'entête
à la laisser, c'est de l'équivoque où elle agonise ? Les
fautes des gouvernants s'entassent sur les autres, un
mensonge en nécessite un autre, de sorte que l'amas
devient effroyable. Une erreur judiciaire a été com-
mise, et dès lors, pour la cacher, il a fallu chaque jour
commettre un nouvel attentat au bon sens et à l'équité.
C'est la condamnation d'un innocent qui a entraîné
l'acquittement d'un coupable; et voilà, aujourd'hui,
qu'on vous demande de me condamner à mon tour,
parce que j'ai crié mon angoisse, en voyant la patrie
dans cette voie affreuse. Condamnez-moi donc ! Mais
ce sera une faute encore, ajoutée aux autres, une faute
dont plus tard vous porterez le poids dans l'Histoire.
É. Zola, Déclaration au jury, L'Aurore, 22 février 1898.
a) Le texte est un plaidoyers ou un réquisitoire ? Justifier
b) Qu’elle est la tonalité de ce discours.
c) Quels sentiments Zola veut-il faire naître chez les jurés ? Quels procédés utilise-tu-il ?