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Texte 1 : Un futur vraiment fantastique
Les maisons riveraines ne souffraient ni de la vapeur ni de la fumée, par cette raison bien simple qu'il n'y avait pas de locomotive. Les trains marchaient à l'aide de l'air comprimé, d'après un système William, préconisé par Jobard, célèbre ingénieur belge, qui florissait s vers le milieu du dix-neuvième siècle. [...]
[Desl innombrables voitures qui sillonnaient la chaussée des boulevards, le plus grand nombre marchait sans chevaux; elles se mouvaient par une force invisible, au moyen d'un moteur à air dilaté par la combustion 10 du gaz. C'était la machine Lenoir appliquée à la
locomotion.
Cette machine, inventée en 1859, avait pour premier avantage de supprimer la chaudière, foyer et combustible; un peu de gaz d'éclairage, mêlé à de 15 l'air introduit sous le piston et enflammé par l'étincelle électrique, produisait le mouvement; des bornes-gaz. établies aux diverses stations de voitures, fournissaient l'hydrogène nécessaire; des perfectionnements nouveaux avaient permis de supprimer l'eau destinée
20 autrefois à refroidir le cylindre de la machine.
Celle-ci était donc facile, simple et maniable; le mécanicien, assis sur son siège, guidait une roue directrice; une pédale, placée sous son pied, lui permettait de modifier instantanément la marche du 2 véhicule. [...]
Ces diverses améliorations convenaient bien à ce siècle fiévreux, où la multiplicité des affaires ne laissait aucun repos et ne permettait aucun retard.
Qu'eût dit un de nos ancêtres à voir ces boulevards illuminés avec 30 un éclat comparable à celui du soleil, ces mille voitures circulant sans bruit sur le sourd bitume des rues, ces magasins riches comme des palais, d'où la lumière se répandait en blanches irradiations, ces voies de communication larges comme des places, ces places vastes comme des plaines, ces hôtels immenses dans lesquels logeaient 35 somptueusement vingt mille voyageurs, ces viaducs si légers; ces longues galeries élégantes, ces ponts lancés d'une rue à l'autre, et enfin ces trains éclatants qui semblaient sillonner les airs avec une fantastique rapidité.
Jules Verne, Paris au xxe siècle, écrit en 1860.

Texte 2 : Le Saut-de-puce
Le Saut-de-puce avait déjà révolutionné la société. On pouvait désormais se rendre n'importe où sur la planète instantanément, sans délai. Et sans s'engluer dans des files ininterrompues de monoréacteurs de transit. Le problème du transport était un véritable casse-tête depuis le milieu du xx siècle. Chaque année, des familles entières quittaient les villes pour les campagnes, ajoutant encore aux essaims déjà surpeuplés qui encombraient les routes et les voies aériennes.
Mais tout était résolu à présent. On pouvait installer une infinité 1 de Sauts-de-puce; ils ne créaient aucune interférence entre eux. Le Saut-de-puce reliait les endroits de manière non spatiale, à travers une autre dimension d'une espèce particulière (on ne le lui avait pas expliqué très clairement). Pour mille malheureux crédits, une famille terrienne pouvait se faire installer les deux cerceaux du Saut-15 de-puce, l'un dans l'arrière-cour, l'autre à Berlin, aux Bermudes, à San Francisco ou à Port-Saïd. N'importe où dans le monde. Bien sûr, il y avait un inconvénient. Le cerceau devait être ancré en un point spécifique. On choisissait sa destination et tout était dit.
Mais pour un employé de bureau, c'était la perfection. On entre 2 par un côté, on ressort par l'autre. Cinq pas - trois cents kilomètres.
Trois cents kilomètres qui étaient autrefois un cauchemar de deux heures de boîte de vitesses torturée et de coups de freins brutaux de queues de poisson, de casse-cou, de flics aux aguets qui rêvaient de sévir, causes d'ulcère et de mauvais caractère. Tout cela était bel 25 et bien fini.
Philip K. Dick, Un auteur éminent, 1954, © Denoël, 1989, trad. Pierre-Paul Durastanti.

1. As-tu identifié les deux inventions imaginées par Jules
Verne (texte 1)?
2. Quelle image de la société à venir les deux auteurs offrent-
ils?
Deviens un lecteur expert
3. En t'appuyant sur les éléments du paratexte (glossaire
p. 400) de chaque extrait :
a. situe précisément sur une flèche du temps le moment
de l'écriture et celui du récit;
b. dis à quel type de roman appartiennent ces deux textes;
c. explique ce qu'ils ont en commun.
4. Qu'est-ce qui caractérise la description des deux inven-
tions imaginées par Jules Verne (texte 1)?
5. Quel est le ton du dernier paragraphe? Que nous dit-il
de la manière dont Jules Verne voit le progrès scientifique?
6. À quoi l'évocation du passé sert-elle dans le texte 2?
Écris à la manière de
Mets-toi dans la peau d'un adolescent du xixe siècle. Choisis
un objet, ou une réalisation technique, d'aujourd'hui qui
n'existait pas à l'époque (vérifie bien les dates). Mets-le en
scène dans un petit récit d'anticipation qui le montre sous
un jour enthousiasmánt.

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