Amour, si plus ma fièvre se renforce,
Si plus ton arc tire pour me blesser,
Avant mes jours j’ai crainte de laisser
Le verd fardeau de mon humaine escorce.
Ja de mon cœur je sens moindre la force
Se transmuer, pour sa mort avancer,
Devant le feu de mon ardant penser,
Non en bois verd, mais en poudre d’amorce.
Bien fut pour moy le jour malencontreux,
Où j’avallay le breuvage amoureux,
Qu’à si longs traits me versoit une œillade :
O bien-heureux ! si pour me secourir,
Dés le jour mesme Amour m’eust fait mourir
Sans me tenir si longuement malade.