Bonjour j’ai un dm en philosophie j’ai du mal à le réaliser voici le texte :
Toute morale est, par opposition au laisser-aller, une sorte de tyrannie contre la « nature » et aussi
contre la << raison »>. (...) Ce qu'il y a d'essentiel et d'inappréciable dans toute morale, c'est qu'elle est une
contrainte prolongée. (...), il faut se souvenir de la contrainte que l'on dut imposer à tout langage humain
pour le faire parvenir à la force et à la liberté, contrainte métrique, tyrannie de la rime et du rythme. Quelle
peine les poètes et les orateurs de chaque peuple se sont-ils donnée ! Et je ne veux pas excepter quelques
prosateurs d'aujourd'hui qui trouvent dans leur oreille une conscience implacable
-« pour une absurdité »,
comme disent les maladroits utilitaires qui par là se croient avisés,
<< par soumission à des lois arbitraires
», comme disent les anarchistes, qui se prétendent ainsi libres, et mêmes libres-penseurs. C'est, au contraire,
un fait singulier que tout ce qu'il y a et tout ce qu'il y a eu sur terre de liberté, de finesse, de bravoure, de
légèreté, de sûreté magistrale, que ce soit dans la pensée même, dans l'art de gouverner, de parler et de
persuader, dans les beaux-arts comme dans les mœurs, n'a pu se développer que grâce à « la tyrannie de ces
lois arbitraires » ; et, soit dit avec le plus profond sérieux, il est très probable que c'est précisément cela qui
est la << nature » et l'ordre « naturel » des choses- et que ce n'est nullement ce laisser-aller ! Tout artiste sait
combien son état « naturel » se trouve loin d'un sentiment qui ressemble au laisser-aller, qu'il y a, au
contraire, chez lui, au moment de l'inspiration, un désir d'ordonner, de classer, de disposer, de former
librement, et combien alors il obéit d'une façon sévère et subtile à des lois multiples qui se refusent à
toute réduction en formules, précisément à cause de leur précision et de leur dureté (car, à côté de celles-ci,
les notions les plus fixes ont quelque chose de flottant, de multiple, d'équivoque -). Il apparaît clairement,
pour le dire encore une fois, que la chose principale, « au ciel et sur la terre », c'est d'obéir longtemps, et
dans une même direction. À la longue, il en résultait, et il en résulte encore quelque chose pour quoi il vaut la
peine de vivre sur la terre, par exemple, la vertu, l'art, la musique, la danse, la raison, l'esprit quelque
chose qui transfigure, quelque chose de raffiné, de fou et de divin.
—
Nietzsche, Par delà le bien et le mal
Les questions :
-
1°) Quelle est la thèse principale du texte ? Expliquez en quoi elle est paradoxale ?
2°) Illustrez cette thèse par un exemple et, à travers celui-ci, montrez comment la contrainte peut s'avérer
être un facteur de liberté.
3º) De quoi la contrainte nous affranchit-elle ?
4°) Quelles sont les deux attitudes devant la règle que symbolisent « l'utilitaire » et « l'anarchiste » ?
5°) À quoi Nietzsche fait-il référence lorsqu'il parle de « lois arbitraires » ? Pourquoi emploie-t-il cette
expression de manière ironique ?
6°) « Toute morale est, par opposition au laisser-aller, une sorte de tyrannie contre la « nature » » ; « c'est
précisément cela (se soumettre à une contrainte) qui est la « nature » et l'ordre « naturel » des choses »>.
Expliquez ces deux passages. Pourquoi a priori est-on porté à associer le laisser-aller à la « nature >> ? Et
pourquoi, au final, c'est le fait de se soumettre à la contrainte qui s'avère, selon Nietzsche, être le plus
<< naturel >> ?
7°) Quelles sont les limites de la thèse de Nietzsche? En quoi est-elle critiquable ?
Merci d’avance pour votre aide