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TOINETTE. Vous avez beau raisonner: Monsieur est frais
émoulu² du collège, et il vous donnera toujours votre reste³.
Pourquoi tant résister, et refuser la gloire d'être attachée au
corps de la Faculté?
BÉLINE.- Elle a peut-être quelque inclination en tête.
ANGÉLIQUE. - Si j'en avais, Madame, elle serait telle que la
raison et l'honnêteté pourraient me la permettre.
ARGAN. - Ouais! je joue ici un plaisant personnage.
BÉLINE. - Si j'étais que de vous, mon fils, je ne la forcerais
point à se marier, et je sais bien ce que je ferais.
ANGÉLIQUE. -Je sais, Madame, ce que vous voulez dire et les
bontés que vous avez pour moi; mais peut-être que vos
conseils ne seront pas assez heureux pour être exécutés.
BÉLINE. C'est que les filles bien sages et bien honnêtes,
comme vous, se moquent d'être obéissantes, et soumises
aux volontés de leurs pères. Cela était bon autrefois.
ANGÉLIQUE. - Le devoir d'une fille a des bornes, Madame, et la
raison et les lois ne l'étendent point à toutes sortes de choses.
BÉLINE. C'est-à-dire que vos pensées ne sont que pour le
mariage; mais vous voulez choisir un époux à votre fantaisie.
ANGÉLIQUE. -Si mon père ne veut pas me donner un mari qui
me plaise, je le conjurerail au moins de ne me point forcer
à en épouser un que je ne puisse pas aimer.
ARGAN. - Messieurs, je vous demande pardon de tout ceci.
ANGÉLIQUE. - Chacun a son but en se mariant. Pour moi, qui
ne veux un mari que pour l'aimer véritablement, et qui
prétends en faire tout l'attachement de ma vie, je vous
avoue que j'y cherche quelque précaution. Il y en a d'au-
cunes qui prennent des maris seulement pour se tirer de la
contrainte de leurs parents, et se mettre en état de faire tout
ce qu'elles voudront. Il y en a d'autres, Madame, qui font
du mariage un commerce² de pur intérêt, qui ne se marient
que pour gagner des douaires³, que pour s'enrichir par la
mort de ceux qu'elles épousent; et courent sans scrupule
de mari en mari, pour s'approprier leurs dépouilles. Ces
personnes-là, à la vérité, n'y cherchent pas tant de façons,
zt. regardent per la personne.
OPE
BÉLINE. - Je vous trouve aujourd'hui bien raisonnante, et je
voudrais bien savoir ce que vous voulez dire par là.
ANGÉLIQUE. -Moi, Madame, que voudrais-je dire que ce que
je dis?
320 BÉLINE.- Vous êtes si sotte, mamie, qu'on ne saurait plus vous
souffrir.
ANGÉLIQUE. Vous voudriez bien, Madame, m'obliger à
vous répondre quelque impertinence; mais je vous avertis
que vous n'aurez pas cet avantage.
525 BÉLINE. - Il n'est rien d'égal à votre insolence.
ANGÉLIQUE. - Non, Madame, vous avez beau dire.
BÉLINE. Et vous avez un ridicule orgueil, une imperti-
nente présomption qui fait hausser les épaules à tout le
monde.
330 ANGÉLIQUE. - Tout cela, Madame, ne servira de rien. Je serai
sage en dépit de vous; et pour vous ôter l'espérance de
pouvoir réussir dans ce que vous voulez, je vais m'ôter de
votre vue.
ARGAN. - Écoute, il n'y a point de milieu à cela: choisis
d'épouser dans quatre jours, ou Monsieur, ou un convent.
Ne vous mettez pas en peine, je la rangerai bien.
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Acte II scene
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Le Malade imaginaire
(extrait)
émoulu
sonti du moule.
:
il vous donnera toujours votre reste:
Coujours & dernier mot.
Conjurerai: supplierai
douaires : revenus assures à me
veuve
aura
épouse devenue
présomption: anogance, C...
sentiment que pour des autres
pousse à se


Sagot :