Sans objet, l'homme n'est rien. Les grands hommes exemplaires qui nous révèlent l'essence de l'homme, ont confirmé cette proposition par leur vie. Ils avaient seulement une passion fondamentale dominante: la réalisation du but qui était l'objet essentiel de leur activité. (...)
C'est par l'objet que l'homme devient conscient de lui-même: la conscience de l'objet est la conscience de soi de l'homme. A partir de l'objet, tu connais l'homme; en lui t'apparaît son essence; l'objet est son essence manifeste, son Moi véritable, objectif. [...] Même les objets les plus éloignés de l'homme, parce que, et en tant qu'ils lui sont objets, sont des manifestations de l'essence humaine. Même la lune, le soleil, les étoiles crient à l'homme : « connais-toi toi-même ». (...) L'animal n'est affecté que par le rayon lumineux nécessaire à la vie. L'homme au contraire est en plus affecté (...) par le désintéressement dans les joies et les émotions - seul l'homme célèbre la fête optique de la contemplation. L'oeil qui regarde le ciel étoilé, qui voit cette lumière inutile, inoffensive, étrangère à la terre et à ses besoins - voit dans cette lumière sa propre essence (...). C'est pourquoi l'homme ne s'élève au-dessus de la terre que par l'œil ; c'est pourquoi la théorie commence avec le regard dirigé vers le ciel. Les premiers philosophes étaient astronomes. Le ciel rappelle à l'homme sa destination: celle-ci n'est pas seulement l'action, mais aussi la contemplation.